ANAMNÈSE ACTE I

L’articulation de trois films, leurs résonances réciproques, un univers sonore partagé, un principe d’éclairage indirect dans une installation éclatée de miroirs et de perméabilité des espaces, des écrans et des miroirs qui démultiplient la source, le solo et sa répétition. Le travail de l’interprète, son ubiquïté, sa métamorphose dans le solo.

Film 1 : Quelque chose sur moi avec Mychel Lecoq

Le solo associé est interprété par Christian Ben Aïm

Film 2 : Philippe avec Nasser Martin-Gousset

Le solo associé est interprété par Samuel Dutertre

Film 3 : Shielshnitt avec Bettina Neuhaus

Le solo associé est interprété par Joëlle Rollet

Anamnèse acte 1 est une superposition de générations filmique, chorégraphique et sonore qui met en jeu la subjectivité du souvenir autobiographique, dans son oralité et sa corporéité.

Le principe scénographique est celui d’un dispositif éclaté où le public est invité à vivre dans un rapport d’intimité des solos associés à des créations filmiques réalisées en collaboration avec trois interprètes. Parmi des propositions imaginées en lien avec leur personnalité, ceux-ci ont choisi un sujet relatif à la mémoire (obsessionnelle, généalogique, traumatique…) autour duquel se construit la forme d’un solo interprété par un second danseur.

Les films ne sont pas des portraits documentaires objectifs, mais des créations formelles composées à partir des interviews des danseurs à mi-chemin du réel et de la fiction . Les solos associés sont écrits dans un second temps parfois en dialogue parfois en résonance avec eux.

 

Je souhaitais introduire ma trilogie par l’aspect le plus  » anecdotique » de la mémoire, celui de la subjectivité : J’ai invité Bettina Neuhaus, Mychel Lecoq et Nasser Martin-Gousset à se prêter au jeu de l’anamnèse devant ma caméra. Dans un lieu propice à la réminiscence de leur vécu passé, j’ai  » dirigé  » en me laissant conduire par mon intuition la restitution par les mots et la danse de leur mémoire singulière. Laissant agir simultanément nos inconscients face au retour du vécu, j’ai mis en scène les corps comme lieu véritable du témoignage.

Anamnèse acte 1 est donc identitaire.

Anamnèse acte 1 se construit ensuite comme un jeu de générations « hiérarchiques » : les rush des films constituant la source, le référent. Les soli en fin de chaîne restituant d’une part, mon interprétation des témoignages, et d’autre part, la « vérité » physique des témoins. Dans Anamnèse acte 1, l’interprète du solo est invité à s’approprier et à incarner la mémoire et l’imaginaire d’un autre danseur qu’il ne rencontre pas. Cette mémoire est transmise mon regard filmique, subjectif. On pourrait dire que je suis en définitive, le premier interprète d’un jeu de générations successives. Des 6 heures de rush, j’ai composé pour chaque danseur, un  » personnage « , une trame textuelle qui ont guidé les choix formels de la danse et du montage. De ces choix où s’exprime mon interprétation naît dans un second temps la matière autour de laquelle se construit le solo : c’est-à-dire que les danseurs sont les interprètes de l’interprète que je suis…

Cette notion de génération, est fortement liée à celle de la mémoire et s’exerce à tous les niveaux de la création d’Anamnèse acte 1 : à travers la construction de la bande sonore construite par surimpressions, à travers la perméabilité des espaces, à travers les jeux de réflexions lumineuses (une source, plusieurs générations), à travers le démontage et le morcellement des films dans l’espace, à travers la répétition des soli…

Dans cet acte, le travail de l’écriture est en définitive d’affirmer un point de vue puis de le rendre invisible pour restituer la force du témoignage. Il s’agit de créer une forme de fiction qui oriente sans trahir le récit-source, le lieu-source, la danse-source. Un travail de glissement, de déplacement de la mémoire vers ce qui m’apparaissait être le juste sujet (l’auto-mutilation du scorpion et l’auto-dérision dans l’absurde chez Mychel Lecoq, l’impossibilité du silence chez Bettina Neuhaus, l’adulte qui n’a jamais quitté son lieu d’enfance chez Nasser Martin-Gousset.

Anamnèse Acte I

Durée : 90 min environ

Chorégraphie et films : Haïm Adri

Assistante au montage : Muriel Adri

Interprètes de la pièce : Christian Ben Aïm, Samuel Dutertre, Joëlle Rollet

Interprètes des films : Mychel Lecoq, Nasser Martin-Gousset, Bettina Neuhaus

Création sonore : Frédéric de Ravignan, Benoît Hillebrant, Samuel Dequidt

Lumière : Marie Vincent

Construction : Luc Lauga

En coproduction de la Cie Sisyphe Heureux – le Centre National de la Danse – le Théâtre Gérard Philippe de Champigny-sur-Marne

Avec le soutien de la DRAC Ile-de-France (dans le cadre de l’aide à la création) – le Conseil Général du Val de Marne (au titre de l’aide à la création)